CONTRIBUTION : L’écovillage de Salayel Loboudou montre la voie au Sahel

Situé dans la région administrative du Brakna, au Sud de la Mauritanie et au bord du fleuve Sénégal, le village de Salayel Loboudou (dont le nom signifie petit pont du coin, en Pulaar) est en train de réussir une révolution verte silencieuse dont le Sahel tout entier devrait s’inspirer.
Comme la plupart des villages au Sud du Sahara, Salayel Loboudou a été fortement éprouvé dans les années 70 et 80 par des cycles de sécheresse récurrents, avec les corollaires que les Sahéliens connaissent bien: érosion des sols cultivables, tempêtes de sable, destruction massive et rapide de la faune et du cheptel, appauvrissement chronique des populations et exode rural… C’est pour rompre ce cycle infernal que la communauté de Salayel, forte de quelques neuf cents âmes, a opté pour l’action et la prise en main effective de son destin.
En 2005, sous l’impulsion de leur chef de village, Aly Ly (enseignant de profession), et après plusieurs réunions de concertation à l’échelle villageoise, les habitants de Salayel décident de créer une petite réserve forestière de 18 hectares. Certains d’entre eux ont dû renoncer à une partie de leurs champs pour que le projet puisse voir le jour.
Le site est ensuite clôturé pour le protéger des animaux en divagation. Après une décennie d’action concertée et de patience, la nature reprend miraculeusement ses droits : la réserve, entièrement composée d’espèces végétales locales, est aujourd’hui une forêt touffue, luxuriante et prospère. Des animaux sauvages qu’on ne voyait plus dans la zone sont de retour: les phacochères, les singes, les oies, les perdrix, et d’autres types d’oiseaux sont installés dans la réserve. Des colonies d’abeilles occupent les lieux et contribuent à la fertilisation des espèces végétales. Le cours d’eau environnant, devenu poissonneux grâce à l’abondance nourriture (herbe, fleurs, insectes) provenant de la réserve, attire de plus en plus d’oiseaux pêcheurs. Le cheptel du village trouve désormais suffisamment de nourriture surtout pendant la saison sèche. L’apiculture est dans une phase test et est appelée à connaître un essor important dans un futur proche. L’éco-tourisme se développe et commence à générer des ressources financières que la communauté réinvestit principalement dans le secteur socioéducatif.
La haie vive que constitue la réserve forestière atténue les tempêtes de sable et les vagues de chaleur en provenance du Sahara. Il fait plus frais à l’intérieur de la réserve et un peu dans le village. Voyant aujourd’hui tous les avantages qu’elle peut tirer de sa réserve toute la communauté de Salayel reste mobilisée pour d’une part protéger son patrimoine faunique et floral contre les braconniers et les charbonniers et de l’autre envisager l’extension du projet dans la partie orientale du village.
Salayel Lobodou, membre actif du Réseau Mondial de Ecovillages qui compte environ 17.000 communautés réparties à travers le monde, a joué un rôle primordial dans l’émergence du Réseau National des Ecovillages de Mauritanie dont le Président est l’honorable député de la région de Brakna, Sow Moctar. L’exemple de Salayel, à l’image de ceux des écovillages de Sekem (Egypte) et d’Auroville (India) qui, jadis des déserts sont aujourd’hui devenus de petits paradis terrestres en l’espace d’une génération, montre premièrement que la désertification n’est ni fatalité, ni un prétexte pour ne rien faire et deuxièmement que la lutte pour la préservation de la biodiversité ne demande pas souvent de gros moyens financiers. C’est plutôt une question de volonté détermination et d’implication des communautés de base. Salayel, modèle d’écovillage au Sud du Sahara, devrait inspirer les hameaux, les villages et les villes du Sahel ainsi que les politiques régionales de lutte contre l’avancée du désert.

Dr Ousmane Aly PAME
Présidant de la Section Africaine du Réseau Mondial des Ecovillages
www. gen-africa.org / www.ecovillage.org
Email : oalypame@ecovillage.org
Skype: oapame

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